Cet article est le dernier article d’une série de 3 articles :
Article 1 : Chronique d’un effondrement annoncé
Article 2 : Le véganisme peut-il nous sauver de l’extinction ?
Article 3 : A quoi bon devenir végane si le monde est foutu ?
Si vous êtes en train de lire notre dossier sur le prochain effondrement des écosystèmes, vous devez vous dire : « mais à quoi bon faire des efforts, si tout est foutu ?» Faut-il pour autant abandonner tout espoir et nous précipiter dans une vie de plaisirs afin de vivre le plus intensément possible les dernières années d’abondance ?
À titre personnel, cette fuite en avant ne marche pas, la fête aurait pour moi un mauvais goût. J’essaye de pouvoir me regarder dans un miroir sans me dégoûter et à travers moi, l’entièreté de l’espèce humaine, car mes faiblesses, mes zones d’ombre sont aussi les zones d’ombre, les faiblesses de l’humanité. Pour pouvoir continuer à m’aimer et aimer ce monde menacé, je ne peux accepter ce qui se passe aujourd’hui sans agir. Si je suis en colère contre l’immobilisme du monde et l’égoïsme de mes contemporains ; comment éviter la dépression, si moi-même, je reste là les bras ballants ! À regarder ce à quoi je tiens tellement s’abîmer dans le chaos.
Ne rien faire c’est le chemin le plus sûr vers la détestation de soi, l’auto apitoiement, la rumination mentale. Pour une hygiène de vie en de pareils moments, rien de tel que le militantisme, aucune autre activité ne peut avoir de sens lorsque nos vies côtoient de grands gouffres. Malheur à ceux qui pataugeront demain dans les marais étouffants de l’absurde et de l’inconsistance à l’heure de payer les conséquences de nos actes.
Défendre une autre vision du monde et m’employer à créer un changement intérieur, afin de faire ma part du boulot, c’est ce qui me permet de vivre sans baisser la tête. Alors ami lecteur, être végane, décroissant, défendre notre petit caillou et les espèces qui y vivent, c’est avant tout une nécessité individuelle.
Cependant, une accélération spirituelle n’est pas à exclure ! À l’heure de l’émergence d’une conscience collective mondiale, un évènement marquant peut toujours changer le comportement de milliards d’individus, internet permet la connexion de toutes les consciences. C’est notre dernier atout et dans ce cas, devenir végane et encourager nos proches à le devenir est un pas décisif dans la bonne direction.
L’élevage est l’activité humaine la plus destructrice.
Faites la liste de toutes les causes de dégradation des écosystèmes liées aux activités humaines, une fois la liste établie identifiez quelles activités humaines se rapportent à chaque cause en particulier. Après cet exercice, vous ne pourrez pas faire l’économie de ce constat : l’élevage, la pêche et la chasse sont les causes majeures de la destruction de notre monde.
Pour ceux qui s’intéressent à l’écologie, cela n’est pas surprenant, nous sommes devenus en quelques millénaires des supers prédateurs. Il y a des millions d’années nos ancêtres étaient frugivores et granivores (n’en déplaise à certains, nous sommes des singes !), en descendant de nos arbres et en adoptant toujours un peu plus le régime des carnivores, nous nous sommes hissés tout en haut de l’échelle trophique.
Or les lois de la thermodynamique impliquent que les populations de carnivores (consommateur secondaire) sont de facto bien plus petites que celle des animaux végétariens (consommateurs primaires) simplement parce que pour maintenir en vie un carnivore quelques années, il faut qu’il y ait des dizaines d’animaux végétariens à son menu.
Sauf qu’avec la découverte d’énergies fossiles abondantes et grâce à la révolution verte nous avons pu sortir des limites biologiques de la planète et nous vivons déconnectés de la réalité. Mais la fête est finie, ces énergies vont bientôt manquer, retour à la réalité.
Le monde ne peut nourrir 7 milliards de grands carnivores humains en 2017 et encore moins 9,7 milliards en 2050.
Petit tour des dégradations causées par notre appétit pour les produits animaux.
L’eau :
Pour nourrir 70 milliards d’animaux terrestres chaque année, il faut de l’eau, beaucoup d’eau. De l’eau pour faire croître les milliards de tonnes de végétaux nécessaires à leur alimentation. De l’eau pour étancher leur soif. Mais un cheptel aussi considérable représente encore une quantité considérable d’excréments ! Vous me direz que c’est une bonne chose pour fertiliser les sols ! Oui, à condition que la densité d’animaux présents sur un territoire ne soit pas trop importante. Or c’est souvent là que le bât blesse !
L’élevage de masse est responsable de la pollution de nos réserves d’eau potables. A cause de lui on y retrouve trop d’azote et de phosphate, ce qui est préjudiciable à la faune et déstabilise les écosystèmes. On lui doit la déstabilisation de différents milieux (mers, lacs, rivières) et des problèmes de santé humaine.
Les sols :
L’élevage est l’activité humaine la plus répandue au niveau géographique. Les experts de la FAO estiment qu’il occupe 70 % des surfaces agricoles et 30 % des terres habitables sur le globe. Il nécessite 4 millions de kilomètres carrés de surface dédiées aux céréales afin de satisfaire l’appétit colossal des animaux enfermés dans un système productiviste devenu complètement fou !
Imaginez : ça représente la superficie entière de la France et de l’Inde. L’écologiste David Pimentel estime que les céréales nécessaires à l’alimentation du cheptel américain pourraient nourrir 800 millions de personnes.
Dans les zones arides principalement et dans une moindre mesure chez nous, le surpâturage est responsable de la dégradation des sols. En enlevant des milliards de tonnes de végétaux à la terre, on l’appauvrit et on perd chaque année de la matière organique. Aujourd’hui nous sommes arrivés à un plateau de fertilité à cause de la perte de productivité des sols qui sont surexploités en grande partie pour nourrir des animaux.
Le climat :
Les experts de la FAO estiment que 18 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées aux élevages, d’autres spécialistes considèrent qu’il faudrait également prendre en compte le CO2 produit lorsque les éleveurs et les producteurs d’aliments pour bétail brûlent de grandes surfaces de forêts pour nourrir les animaux comme c’est le cas au Brésil et en Indonésie. Là, on parlerait de chiffre entre 25% et carrément 51 % pour les spécialistes de Worldwatch !
Les océans :
On l’a vu, les milliards de tonnes d’excréments des animaux d’élevage sont la cause de vastes zones sous-marines complètement mortes. Ils sont aussi un des responsables de la mauvaise santé des milieux coralliens. La surpêche, elle, est responsable de l’effondrement des populations des gros poissons, déstabilisant dangereusement la chaîne alimentaire. De plus, le Co2 rejeté par la production de produits animaux participe à l’acidification des milieux marins. Pour paraphraser Paul Watson : « si l’océan meurt, nous mourrons »
Épidémies.
Le rythme d’apparition de virus capables de passer de l’animal à l’homme a augmenté, le responsable désigné ne fait pas de mystère. Les élevages intensifs ! Pourquoi ? Facile ! Des animaux enfermés dans des hangars surpeuplés, obligés de vivre au-dessus de leurs excréments, gavés aux antibiotiques et dont le patrimoine génétique est très peu varié, sont une porte ouverte à la prolifération de monstres bactériens et viraux.
De plus, ces structures se multiplient partout sur la planète pour répondre à la demande croissante de produits animaux, y compris dans des pays qui se contrefichent d’établir une veille sanitaire et qui, minés par la corruption, ne les contrôlent pas.
Petit rappel, l’élevage est une technique vieille de 12 000 ans qui est responsable de la mort de centaines de millions d’humains par la dissémination de germes et de virus. Un exemple parmi d’autres : la grippe espagnole responsable de 20 millions de décès en 1918. Si on compte les décès liés aux bactéries résistantes, ça fait un paquet de victimes.
La Biodiversité
Le rapport 2016 de « Planète vivante » réalisé par quelques ONG dont le WWF est effrayant. Il cherche à faire l’état de la biodiversité avec des chiffres actualisés. Constat : nous avons perdu 50% des animaux sauvages en 40 ans avec des prévisions cauchemardesques pour 2020. A cette date, 2/3 des animaux auront disparu. Au moment où j’écris ces mots, The United States Fish and Wildlife Service vient d’officiellement classer les abeilles comme espèce en voie de disparition.
Or, pour les 5 causes reconnues de la perte de biodiversité, on retrouve l’élevage en bonne place. Voyons ce qu’il en est.
1 Modification des habitats. : L’élevage est une des principales causes de changements des habitats (déforestation, destruction des forêts riveraines, drainage des zones humides), que ce soit pour le bétail directement ou pour la production d’aliments pour ce dernier. Les activités d’élevage contribuent également directement par le surpâturage et la désertification.
2 Changement climatique : On ne développera pas ce point qui a été abordé plus haut. Le changement climatique va changer considérablement les milieux naturels et on en connaît les conséquences pour la faune.
3 Invasions biologiques : La contribution du secteur de l’élevage aux invasions biologiques va bien au-delà de la simple introduction dans le milieu d’espèces animales destinées au bétail. Il faut également considérer les impacts indirects comme le fait que l’élevage joue un rôle majeur dans la modification des habitats qui favorisent les invasions biologiques ; ou encore le fait que des éleveurs ont intentionnellement implanté des espèces de plantes pour améliorer les pâturages.
Enfin, les animaux favorisent également directement la propagation des espèces envahissantes qui vont se fixer sur eux (zoochorie) et se répandre au cours de leur trajet (transhumance par exemple).
4 Surexploitation des ressources. Les conflits entre les éleveurs et la faune sauvage existent depuis la domestication du bétail, notamment à cause de deux phénomènes : les interactions entre la faune sauvage et la faune domestique, et la compétition pour l’accès à la nourriture et à l’eau.
5 Pollution : Ce point a déjà été évoqué et est lié aux déjections de 70 milliards d’animaux d’élevage.
Conclusion
Quand on regarde les méfaits de l’élevage sur l’environnement et qu’on veut contribuer à faire partie de la solution et pas du problème, il semble naturel de chercher plus haut à modifier notre alimentation. Si tous les humains copiaient notre modèle alimentaire riche en produits animaux, une terre ne suffirait pas.
Que toutes les bonnes volontés se coalisent pour que le prédateur en nous fasse ses valises pour toujours et que le parasite « number one » que l’espèce humaine est devenue se transforme rapidement en super symbiote!
Bonne chance à tous 😉