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L’Homnivore de Claude Fishler

J’ai lu pour vous  ‘L’Homnivore (1ère partie)’ de Claude FISCHLER

par Anne-France GRIDELET

Claude Fischler est sociologue et chercheur au CNRS. Il écrit L’Homnivore en 2001. Dans cet ouvrage en 3 parties compilant une série de recherches et d’études sur l’alimentation, il propose une ambitieuse analyse des pratiques alimentaires réconciliant sciences de la nature – la biologie, qui étudie l’aspect nutritionnel – et sciences humaines –  qui en analyse la symbolique. Les aliments sont associés, on le sait, à toute une série de représentations, de croyances n’ayant souvent qu’un rapport très lointain avec leur apport nutritionnel. Pour n’en donner qu’un exemple, un plat composé de foie gras et raisins signifiera toute autre chose qu’une saucisse-compote, même si nutritionnellement les deux plats se ressemblent. La symbolique sociale de l’alimentation est donc tellement puissante qu’elle peut en devenir invisible, c’est à dire apparaître comme naturelle. C’est à quoi s’est attaché Fischler ici : décrypter, analyser et comprendre ce qui, dans notre alimentation, nous apparaît comme naturel. Parmi la foule des idées développées par Fischler dans cette première partie ouvrage, j’ai sélectionné celles qui me paraissaient les plus intéressantes pour les lecteurs de Be Veggie, tout en essayant de restituer fidèlement la pensée de l’auteur. Bonne lecture !

 Les racines anthropologiques de notre rapport à l’alimentation

Carrefour, Delhaize, Cora, pour les traditionnels, Aldi ou Lidl pour le low-cost, toutes ces enseignes de la grande distribution qui révèlent notre société d’abondance… Des milliers de rayons regorgeant de nourriture de toutes marques… Jamais nous n’avons eu si facilement accès à la nourriture, et pourtant, plus qu’à aucun autre moment de l’histoire, l’alimentation s’est peu à peu placée au centre des préoccupations des consommateurs. La nourriture est partout et le discours sur la nourriture l’est tout autant (discours médical, média, opinions, conversations, ..). La question du « que manger, comment manger » est devenue ceLe_gout_des_autres_LCAV2ntrale dans cette société où l’abondance nous pousse à opérer des choix. Le mangeur moderne doit gérer non plus la pénurie mais la profusion. Il doit opérer des sélections, établir des comparaisons, combattre des pulsions, (…), bref, déployer tous ses efforts non pour se procurer l’indispensable mais pour rejeter le superflu avec discernement ». C’est dans ce contexte que commence l’analyse de Fischer.

A quoi servent nos « cuisines » ?

 La première question qu’il pose est la suivante « Pourquoi mangeons-nous ce que nous mangeons ? ». En effet, nous sommes loin de consommer tous les aliments réellement comestibles existant sur la planète, nous n’en consommons qu’une infime partie, et cette partie diffère considérablement d’une culture à l’autre. Ainsi, en Europe, nous ne mangeons pas d’insectes, ce qui grouille et rampe nous dégoûte. Nous mangeons des escargots, et des grenouilles, ce qui révulse une autre partie du monde. Le chien, affectueux copain de nos foyers occidentaux, est mangé sans souci dans plusieurs cultures asiatiques, alors même que nos fromages leur donnent la nausée. Les Indiens trouvent indigne de manger de la vache, mais ici, on dévore du steak sans aucune difficulté. Bref, vous l’aurez compris, ce qui est estampillé « comestible » varie fortement selon l’endroit du monde où l’on vit. Comment expliquer cette variabilité, qui ne peut être liée aux apports nutritionnels puisque les humains ont les mêmes besoins nutritifs ? C’est la variabilité des systèmes culturels, autrement dit : si nous ne consommons pas tout ce qui est biologiquement comestible, c’est que tout ce qui est mangeable n’est pas culturellement comestible. En d’autres termes, pour pouvoir avaler notre nourriture, nous devons d’abord en accepter l’idée. Cette nourriture doit avoir un sens, être connotée de manière positive, ou tout le moins, acceptable.

Fischler explique en effet que chaque culture possède une « cuisine », c’est-à-dire un ensemble de croyances, de pratiques et de règles qui gouvernent la préparation des repas et la consommation des aliments, règles dont l’existence ne nous est révélée que lors d’une violation. Par exemple, si nous étions invités à un dîner où le café est servi avant l’apéro, où un plat est composé de brocolis et de croissants au beurre (pour ne rien dire d’un plat de chien rôti avec ses araignées grillées en accompagnement !), il y aurait de fortes chances que nous nous détournions de pareil repas car il violerait les règles tacites et partagées de notre « cuisine » occidentale moderne. Ce que Fischler expose ici,  contrairement à la croyance communément admise que l’être humain est libre de ses choix, c’est que notre goût, et nos mœurs alimentaires sont contraints par la culture culinaire à laquelle nous appartenons.

Mais on peut se demander à quoi servent ces règles culinaires si diverses selon les cultures ? Selon Fischler, les « cuisines » servent à régler le problème fondamental que pose au mangeur sa nourriture, problème qu’il analyse sous 3 angles : celui du « paradoxe de l’omnivore », celui du « principe d’incorporation », et celui du « dégoût ».

Examinons le premier angle, le « paradoxe de l’omnivore ». Il nous dit que l’omnivore a la faculté inappréciable de pouvoir subsister à partir d’une multitude d’aliments et de régimes différents et pour cela, il prend pour exemple le cas des Inuits, dont le régime alimentaire est composé presque exclusivement de protéines animales, et celui des agriculteurs du sud-est asiatique, qui en est quasiment dépourvu. L’être humain peut donc subsister avec des régimes alimentaires forts divers. Mais à cette liberté est associée une contrainte toute aussi forte : celle de la variété. Nous avons besoin de toute une série d’aliments différents pour assurer l’apport en nutriments essentiels. Le paradoxe de l’omnivore, selon Fischler, est ce tiraillement perpétuel entre notre goût de l’innovation, de la variété (nécessaire à notre régime omnivore) et celui de la méfiance envers tout nouvel aliment (la néophobie), qui pourrait potentiellement nous empoisonner. Nous avons besoin de variété, mais cette variété comporte des risques, qui nous pousseraient au conservatisme.

Le deuxième angle analysé est celui de l’incorporation, c’est à dire le mouvement par lequel nous faisons franchir à l’aliment la frontière entre le monde et notre corps.  Et incorporer un aliment c’est, selon Fischler : incorporer tout ou partie de ses propriétés : nous devenons ce que nous mangeons.  Des études ont en effet démontré clairement notre tendance inconsciente à projeter les caractéristiques de la nourriture sur le mangeur. Ainsi, nous imaginons un mangeur de tortues  plutôt bon nageur et pacifique, tandis que le mangeur de sanglier serait plutôt rapide à la course et belliqueux.  L’humain a donc tendance à s’identifier à sa nourriture. Ou plutôt notre nourriture nous identifie, elle dit qui nous sommes, nous représente car, à un système culinaire s’attache une vision du monde. La nourriture nous inscrit donc dans un groupe partageant des valeurs. On comprend mieux pourquoi les découvertes récentes du « chevalgate » ont tant ému la population : si nous ne savons pas ce que nous mangeons, ne devient-il pas difficile de savoir qui nous sommes ?  interroge Fischler.

Enfin, le troisième angle nous parle du dégoût, c’est-à-dire de la manifestation d’opposition de notre corps à l’ingestion d’un aliment. Selon le psychologue Rozin, il existerait 3 sortes de dégoûts : celui de type sensoriel, provoqué par une sensation désagréable dans la bouche ou dans le nez ; celui, plus rare, qui résulte de la conscience d’un danger (des champignons inconnus par exemple)ou, le plus souvent, celui de nature idéelle, c’est à dire fondé sur l’idée qu’on se fait de la nourriture, et qui comporte une forte composante affective : le dégoût du porc pour les juifs ou musulmans, de la viande pour certains végétariens, etc. Il est intéressant de remarquer que, selon Fischler, le dégoût sensoriel peut significativement diminuer, voire disparaître, par contacts répétés entre l’aliment et nous (apprendre à aimer le piment, le roquefort ou les chicons par exemple) alors que le dégoût de type idéel se montre beaucoup plus persistant.

Donc, à cette première question : pourquoi mangeons-nous ce que nous mangeons parmi toutes les variétés d’aliments comestibles offertes par la nature, Fischler nous explique finalement qu’un aliment doit être davantage « bon à penser » que « bon à manger » pour figurer à notre menu.  Et les « cuisines », c’est-à-dire les classifications d’aliments, règles d’ordonnancement et de composition de repas qui varient selon les cultures, serviraient à rendre l’aliment « bon à penser », c’est-à-dire (à savoir) acceptable à notre esprit, avant d’être incorporé.

La formation de nos goûts

Comme on pouvait s’y attendre, nos goûts alimentaires sont donc largement déterminés par la culture à laquelle nous appartenons. Mais comment, à l’intérieur d’une culture, se forme le goût ? Intuitivement, on pourrait penser que nous mangeons comme nos parents et que le conditionnement familial est sans doute le 1er facteur d’influence en matière de goût alimentaire. Il n’en est rien. Fischler nous montre, études à l’appui, que les goûts au sein d’une même famille présentent quasiment autant de variabilité qu’entre individus pris au hasard. La famille est davantage le lieu où on apprend « ce qui ne se mange pas », c’est-à-dire les aliments considérés comme non mangeables dans notre cuisine occidentale moderne : on mange du porc mais pas de chien, des carottes mais pas de bulbe de tulipe, etc. Une fois que l’enfant a appris « ce qui se mange » et « ce qui ne se mange pas » dans sa culture, la famille n’exerce finalement qu’une influence faible sur ses préférences.

Alors qu’est-ce qui explique nos goûts et dégoûts ? Tout d’abord, la saveur sucrée semble universellement appréciée dès le plus jeune âge, sans doute parce que cette saveur signe une source importante de calories (l’abondance dont nous disposons aujourd’hui est toute récente, 50 ans au plus, et notre cerveau ne s’est pas encore adapté à cette nouvelle donne).  Ensuite, des études menées aux USA et en Europe au cours du 20ème  siècle auprès de populations d’enfants et de jeunes adolescents ont mis en évidence une aversion quasi généralisée pour les légumes (surtout les verts) et les abats de viande ; alors que les desserts, certains fruits, les frites et le poulet figuraient parmi les mets les plus appréciés. Peut-on alors parler d’attirance ou de rejet inné chez les humains pour certains aliments ? Fiscler postule que, si certaines « tendances lourdes » semblent innées, ou en tous cas communément partagées par des cultures différentes, la plupart des préférences alimentaires sont caractérisées par la variabilité. En d’autres termes, chez les humains, il y a plus de différences de goût que de ressemblances.

Si les préférences alimentaires sont plus culturelles que biologiques, plus acquises qu’innées, peut-on alors facilement les modifier ? Peut-on « aider » un individu ou une population à changer son mode d’alimentation?

Fischler nous apporte 2 éléments de réponse. D’une part, il s’avère que les tentatives des dirigeants pour réformer l’alimentation de groupes considérés comme porteurs d’une mauvaise alimentation se sont toutes soldées par de cuisants échecs. Ainsi les « food reformers américains » de la fin du 19ème siècle, qui jugeaient néfastes pour la santé les habitudes alimentaires des ouvriers et voulaient les réformer (modifier) ont échoué. Dans son ouvrage, Fischler ne fait état d’aucune réforme alimentaire imposée de l’extérieur qui ait atteint ses objectifs. En cause, comme il a déjà été dit plus haut, le fait est que l’alimentation est un puissant vecteur culturel ; elle fait partie de ce qui définit l’individu, son groupe social, ses habitudes et valeurs. Les immigrés changent de pays, d’habitudes, de vêtements, ou même de langue mais ils changent leur « cuisine » en dernier.

Mais alors, comment nos goûts évoluent-ils ? De manière individuelle, les goûts alimentaires changent considérablement au cours de la vie. La moutarde, l’oignon, le piment, les fromages forts, le poivre, les choux de Bruxelles… On peut citer des dizaines d’aliments souvent détestés par les enfants, mais que l’on apprend à apprécier à l’âge adulte.

D’abord, Fischler nous dit que la familiarité avec un aliment augmente significativement la probabilité de se mettre à l’apprécier. Donc pour faire accepter un aliment à quelqu’un, il faut lui présenter, lui présenter à nouveau, encore et encore… Jusque là, cela paraît évident. Mais ce n’est pas tout. Voir des amis manger et apprécier un aliment que l’on n’aime pas (surtout auprès des enfants) augmente également rapidement l’acceptation de cet aliment ; alors que cette règle ne se vérifie pas (ou moins bien) au sein de la famille. Autrement dit, des études montrent que l’imitation transgénérationnelle, c’est à dire au sein d’une même génération, est plus forte que l’imitation intergénérationnelle. (Parents, vous savez ce qu’il vous reste à faire 🙂

La viande…et nous !

Notre relation à la nourriture est donc profondément ambivalente : attirance et dégoût se succèdent et parfois se mélangent dans notre rapport aux aliments. Mais s’il en est un pour lequel cette ambivalence se révèle profonde, c’est bien la viande. La viande, un thème cher aux végétariens que nous sommes ! Fischler s’y intéresse aussi puisqu’il s’agit du seul aliment (avec le sucre) auquel il consacre un chapitre entier de son livre. En cause, la relation complexe et contradictoire, faites d’affects puissants, que nous entretenons avec la viande. Mais avant tout, il en évoque les apports nutritionnels et rappelle que les aliments d’origine animale, s’ils ne sont pas à proprement parler indispensables à la survie, constituent une source particulièrement précieuse de nutriments essentiels facilement assimilable.

Viande adorée, viande abhorrée, ce titre de Fischler résume à lui seul tous les paradoxes du rapport entre l’humain et la viande. Viande adorée car apparemment, la plupart des groupes humains recherchent la viande avec ardeur depuis des temps immémoriaux. Même si notre régime de base était plutôt frugivore, il semble que les hominidés ont très vite appris à chasser de petits animaux et à se repaître de leur chair. Notre langage même est marqué par cette attirance ancestrale :le terme français viande, du latin « vivanda » a désigné l’aliment en général avant d’acquérir, au début du 18ème siècle, son sens actuel : la chair se voyait ainsi en somme reconnaître le statut d’aliment absolu.

Par ailleurs, des ethnologues ont remarqué en étudiant des populations d’Australie, du Pacifique sud et de Malaisie que la viande étaient l’aliment le plus recherché, voire qu’il était insultant de servir un repas uniquement végétal à un hôte ! La valorisation de la viande dans de nombreuses cultures et de nombreuses époques est une constante, au point que les historiens mesurent la prospérité d’une période et/ou catégorie sociale, à l’augmentation de la consommation de viande par tête (Aymard, 1975). Les travaux de Jane Goodall, spécialiste bien connue des chimpanzés, avec qui elle vécut des années, relatent également leur intérêt marqué pour les nourritures carnées, en plus des fruits, légumes et insectes, qui constituent leur ordinaire. Leur régime serait donc nettement omnivore.

On l’aura compris (et les végétariens le comprennent d’autant mieux à force d’entendre « moi je ne pourrais pas, j’aime trop la viande « ), la chair animale est donc un aliment recherché et très apprécié par la plupart des cultures humaines.

Mais elle est aussi l’aliment le plus susceptible de provoquer des dégoûts et celle qui fait le plus l’objet d’interdits et de tabous moraux ou religieux. Il y a bien sûr l’interdit du porc, animal « impur » pour les juifs et musulmans ; l’interdit du bœuf, animal sacré pour les hindouistes ; le végétarisme moral du clergé bouddhiste et des jaïns en Inde.  Elle se manifeste également de manière individuelle chez des millions de personnes qui éprouvent de la répulsion devant un morceau de viande sanguinolente, alors qu’une botte de poireaux ou une salade ne provoque pas les mêmes sensations. Par ailleurs, Fischler remarque que dans quasiment toutes les cultures, il y a plus d’espèces animales rejetées que consommées, et que la consommation de viande est le plus souvent entourée d’une série de rites et de règles très précises. Par exemple, manger du bœuf cru en tranches fines préparé en carpaccio est apprécié, mais mordre dans un steak cru a peu de chance d’être vu comme un comportement normal. Par ailleurs, manger les tripes et abats des animaux reste une source de répulsion pour une grande partie de la population mondiale. La viande attire donc autant qu’elle dégoûte, ou plutôt, devrait-on dire, elle attire plus qu’elle ne dégoûte, puisque sa consommation est en augmentation constante depuis ces dernières décennies (sauf tout dernièrement dans les pays dits développés). Mais pour être attirante, elle doit plus qu’aucun autre aliment être préparée selon les règles de notre « cuisine », qui nous permet d’encadrer son ingestion, de la rendre « culturellement comestible ».

Pourquoi la chair des animaux a-t-elle besoin d’être domestiquée de la sorte pour qu’on soit capable de l’ingérer ? Parce que nous, les humains, sommes aussi des animaux répond Fischler, et que manger un autre animal, c’est renvoyer au cannibalisme, c’est poser cette question « est-il un autre moi ? ». L’humain qui mange de la viande sait, dès la fin de l’enfance, qu’il ingère un morceau d’animal mort, animal proche de lui-même, qui respirait, vivait et enfantait il y a peu. Pour s’éviter cette pensée, les humains ont cherché à établir une ligne de rupture, une frontière entre l’animalité et l’humanité, qui permette de penser la viande comme un « produit », et non la voir comme un autre nous-même. Selon Fischler, tout indique que pour manger de la viande, nous avons donc besoin de court-circuiter les mécanismes de défense qui s’activent lorsque la frontière animalité-humanité devient trop floue.

Et pour cela, il a mis en lumière deux stratégies. L’une consiste à régler le problème en posant l’être humain au sommet de la hiérarchie des êtres et en posant une distinction claire et infranchissable entre animaux et humains. (A mon sens, c’est d’ailleurs cette stratégie qui permet d’opposer les mots « animal’ »et « humain », alors que la science a montré depuis longtemps que les humains font partie du règne animal). Tous les défenseurs de la cause animale connaissent bien cet argument qui consiste à opposer droits des animaux et droits humains : « s’occuper des animaux alors qu’il y a des gens qui meurent de faim…» procède en effet de cette logique.

L’autre stratégie, pour ceux qui ne peuvent s’empêcher de percevoir le continuum qui nous lie aux autres animaux, consiste à évacuer de la viande toutes les caractéristiques apparentes de l’animalité afin de transformer la chair des cochons, veaux ou poules en chose inanimée. L’animal est chosifié.  Débarrassé de ses pattes, plumes, poils, de son squelette, présenté en filets, sans yeux ni tête, dans une barquette sous cellophane, morceau bien net qui ne présente plus de lien apparent avec la bête vivante, la viande (même le mot a été transformé et désigne une chose) devient alors mangeable.

A ces stratégies correspondent deux attitudes identifiées par l’anthropologue Noélie Vialles. La « zoophagie » est la logique des mangeurs d’animaux, c’est-à-dire ceux qui n’éprouvent pas de gène apparente à reconnaître l’animalité dans ce qu’ils consomment, à y retrouver tout ou partie de l’animal tel qu’il se présente à l’état vivant. Les zoophages aiment les tripes et les abats, cuisinent les poulets entiers après les avoir vidés, mangent des pieds de cochons, etc. Cette attitude à l’égard des nourritures carnées est plus facile pour ceux qui ont une idée bien claire de la supériorité humaine et voient une rupture nette entre l’homme et l’animal.

L’autre, « la sarcophagie », est une logique de mangeurs de viande, si l’on entend par viande une matière comestible distincte de l’animal duquel elle provient, et dans laquelle rien ne vient rappeler la bête vivante. Ceux-là, conscients du continuum homme-animal, auraient besoin de « désanimaliser » ce qu’ils mangent. Fischler nous fait d’ailleurs remarquer qu’en France, comme dans le reste de l’Europe, nous sommes de plus en plus « sarcophages » : la chair animale que nous consommons prend de plus en plus l’apparence d’une matière travaillée, transformée, de plus en plus éloignée de l’animal vivant. Les étals de boucherie ne présentent plus qu’exceptionnellement les têtes de veau parées de persil ou les lapins entiers écorchés que l’on rencontrait souvent il y a encore quelques années.

L’industrialisation de l’élevage a joué un rôle important dans ce processus de réification, ou dit autrement, de chosification des animaux, l’industrie agro-alimentaire considérant l’animal comme une matière première dont il faut augmenter le rendement par des transformations ne tenant aucun compte de la nature sensible de l’animal. L’animal n’est pas un veau, un cochon, un poulet ; c’est de la viande sur pied, du « minerai ». Dans l’agroalimentaire, l’animal est devenu objet, ou moins qu’objet : matière.

 Fischler nous dit également que si nous sommes de plus en plus « sarcophages », si nous avons à ce point besoin de nier l’animalité de la viande, c’est parce que la science nous montre chaque jour un peu plus à quel point les autres animaux nous ressemblent. Tous les « propres de l’homme » que nous avions construits pour nous différencier des bêtes s’effondrent : ils sont intelligents et sensibles, s’organisent socialement et partagent, montrent de l’empathie et des émotions.

Par ailleurs, nos sociétés industrialisées sont aussi celles où les valeurs individualistes et la sensibilité ont le plus progressé, où on accorde le plus d’importance aux affects, à la souffrance et au désir des individus.  Nous sommes également devenus plus sensibles aux besoins et souffrances des animaux, à qui nous reconnaissons une individualité, en tous cas pour les animaux de compagnie. Des lois contre la maltraitance animale ont vu le jour, et l’explosion des services proposant des soins de confort aux animaux de compagnie le montre (psychologue pour chiens, chenils de luxe, salons de toilettages, etc.) : le marché du « petfood » est devenu un business à part entière.

Fischler termine donc la première partie de son ouvrage avec ce paradoxe moderne de notre rapport à l’animal : « désanimalisé » par l’industrie de l’agroalimentaire, il est devenu matière inerte destinée au rendement, et humanisé par l’homme, il est de plus en plus sujet de soins et d’attentions de la part des populations humaines qui ne peuvent plus ignorer la sensibilité des animaux. Pour manger de la viande, les humains doivent effectuer aujourd’hui un véritable grand écart de conscience.

Pour combien de temps encore ?

le mythe de la complémentarité des protéines

Les protéines sont l’un des trois macronutriments composant chaque être vivant, avec les glucides et les lipides. Elles sont indispensables à la vie car elles ont de nombreux rôles et parmi ceux-ci celui de structurer les membranes cellulaires et de composer des neurotransmetteurs, enzymes et hormones.

Ce sont de grosses molécules composées de longues chaînes d’acides aminés. Les acides aminés sont de petites molécules qui sont libérées lors de la digestion pour être absorbées. Le corps s’en sert ensuite pour récréer de nouvelles protéines qui sont nécessaires à telle cellule ou tel organe.

Il existe environ 500 acides aminés dans la nature. Mais celles qui servent à construire les protéines sont au nombre de 22. Parmi celles-ci, 16 peuvent être fabriquées par le corps mais 8 (un peu plus pour les nourrissons) ne se trouvent que dans l’alimentation. On parle alors d’acides aminés essentiels car il est essentiel d’en absorber suffisamment.

Lorsque l’on devient végétarien ou végétalien, la question des protéines se pose très vite. Car dans notre éducation alimentaire, les protéines se trouvent dans les viandes, poissons et œufs. Egalement dans les fromages mais leur grande quantité de graisses en font des aliments à consommer avec modération. Heureusement, quelques recherches vous apprennent vite qu’il existe des protéines végétales que l’on trouve dans les céréales, les légumineuses et les oléagineux. Seulement, contrairement aux sources animales, ces sources ne contiennent pas tous les acides aminés essentiels. Il faut donc combiner les sources et manger céréales et légumineuses à chaque repas. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Pour certains, manger du riz et des lentilles est un régal, pour d’autres beaucoup c’est trop lourd. Alors doit-on se forcer pour notre santé ?

I – La source du mythe

C’est le livre Diet for a small planet, de Frances Moore Lappé qui popularise cette théorie en 1971. Frances, qui milite pour une diminution de la pauvreté et de la faim dans le monde, analyse les données en sa possession. Pour 717sX8TdZGLréduire ces fléaux, un régime mondial végétal serait idéal. En effet, nous produisons suffisamment de nourriture pour la population terrestre. Si nous arrêtions de nourrir le bétail, nous pourrions tous manger à notre faim.

Seulement, les céréales ne contiennent pas suffisamment d’un acide aminé essentiel (acide aminé limitant) : la lysine. Acide aminé que l’on retrouve en grande quantité dans les légumineuses qui elles, n’ont pas suffisamment d’un autre acide aminé essentiel : la méthionine. Que l’on retrouve en grande quantité dans les céréales ! La nature est bien faite !

Frances, de manière très logique, écrit donc dans son livre qu’un régime végétal serait parfait pour réduire la faim dans le monde, la pauvreté et la pollution, mais qu’il faut combiner les deux sources de protéines végétales pour avoir des protéines aussi complètes que si nous mangions de la viande. A l’époque, peu de personnes pensaient que le régime végétalien pourrait apporter suffisamment de protéines. Cette explication donnait une méthode facile à suivre pour se prémunir d’une carence. Le livre s’étant vendu à 3 millions d’exemplaires, cette théorie est vite devenue une référence. Plusieurs instituts de santé l’ont reprise notamment l’American National Research Council et l’American Dietetic Association.

II – Qu’en disent les professionnels

Seulement, dix ans plus tard, Frances Moore Lappé revient sur ses propos. Elle explique qu’elle pensait que pour obtenir une protéine de bonne qualité pour le corps, il fallait qu’elle ressemble le plus possible à une protéine animale. « En fait, c’est beaucoup plus facile que ce que je pensais. »

Qu’entend-t-elle par-là ? Avec les progrès scientifiques, les méthodes pour mesurer la quantité de protéines d’un aliment et son absorption par le corps se sont affinées. De plus, sa théorie a eu le mérite de mettre en lumière une solution au « problème » de protéines des végétariens. Une solution qui a ensuite été étudiée. Finalement, le corps humain est bien plus débrouillard que prévu ! D’après un article de Vernon R Young et Peter L Pelett Plant proteins in relation to human protein and amino acid nutrition paru dans le American Journal of Clinical Nutrition en 1994 : « Les protéines [végétales] n’ont pas besoin d’être combinés lors d’un même repas mais l’équilibre sur la journée est plus important. ». L’association américaine de diététique et des diététiciens canadiens cite cet article dans son rapport sur l’alimentation végétarienne et précise qu’une variété d’aliments végétaux mangés au cours d’une journée peut apporter tous les acides aminés essentiels.

D’autres, comme le professeur Nespolo, vont même encore plus loin. En reprenant les tables de composition des aliments (un immense répertoire de ce que chaque aliment contient comme acides aminés, vitamines, minéraux, etc.), ils ont pris, pour chaque aliment protéiné, la quantité en chaque acide aminé par gramme de protéine qu’ils ont ensuite divisé par les besoins humains. Nous avons donc une valeur pour chaque acide aminé : la plus petite représentera l’indice chimique de cet aliment.

Par exemple, le besoin en leucine (acide aminé essentiel) pour un adulte est de 59 mg. Dans les haricots blancs, nous avons 108,13 mg de leucine dans 100g de protéines. Si nous divisons 108,13 par 59, nous obtenons un indice de 1,83. Nous faisons ce calcul pour chaque acide aminé afin de déterminer le plus petit indice qui sera celui de l’aliment.

Si cet indice chimique des protéines est inférieur à 1, il y a un acide aminé limitant. Ce qui veut dire que cet acide aminé est présent mais pas suffisamment pour satisfaire nos besoins. En gros, il faudra manger autre chose pour avoir la quantité nécessaire de cet acide aminé. Pour la petite histoire, certaines sources animales (comme la langouste) ont, elles aussi, un acide aminé limitant !

Et même en y ajoutant un coefficient de digestibilité, c’est-à-dire ce que notre corps absorbe des aliments lors de la digestion (80 à 90% pour les légumineuses), une grande partie des sources végétales contiennent des protéines dites « de bonne qualité ».proteines3

III – Que faire dans la vie de tous les jours

Tout d’abord, où trouve-t-on ces protéines « complètes »? Dans le quinoa, le germe de blé, les épinards, la pomme de terre, les haricots rouges/blancs/Lima, les pois jaunes/verts/chiches, soja, pavot, sarrasin, avoine. Lorsque vous mangez ces aliments, vous n’avez pas besoin de combiner une autre source de protéines. On me pose souvent la question des quantités. En effet, si les quantités ne sont pas suffisantes, les légumineuses ne pourront pas faire de miracles. En prenant en compte la digestibilité et l’indice chimique, 100g de lentilles crues apportent 1/3 des apports journaliers en protéines. Vous pouvez transposer ce grammage aux haricots et pois chiches. Le soja en contient deux fois plus et les céréales deux fois moins.

Du coup, les sources de protéines contenant un acide aminé limitant sont l’amarante, millet, sésame, riz complet, orge, seigle, maïs, blé, haricots verts et lentilles. Si vous ne mangez qu’un seul de ces aliments et qu’il constitue votre seul repas de la journée, vous risquez d’avoir quelques soucis. Par contre, si vous avez une alimentation variée et aucun problème d’absorption intestinale, il n’y a aucune raison que vous manquiez d’acides aminés.

Pour finir, voici mes conseils :

  • Mangez ce qui vous fait envie, en quantité et fréquence raisonnables, en combinant avec d’autres aliments afin d’avoir une alimentation équilibrée. En effet, il est scientifiquement prouvé que nos envies reflètent des besoins corporels ou émotionnels. Si vous avez envie de chips, demandez-vous si vous consommez suffisamment de graisses ou si vous vous restreignez sur le sel.
  • Composez chacun de vos repas ou encas avec une source de protéines (10 à 15% du repas), une source de lipides (35 à 40% du repas) et une source de glucides (50 à 55 % du repas). Ils ont tous leurs rôles dans notre santé.

Par exemple, un encas peut-être composé de noix et de fruits secs (70-30%) car les oléagineux apportent des lipides, des protéines et des glucides complexes, et les fruits secs des glucides simples.

  • Avant de faire cuire vos légumes secs, faites-les tremper une nuit dans un bol d’eau au réfrigérateur (sauf les lentilles corail). Vous pouvez améliorer leur digestibilité et réduire le temps de cuisson en ajoutant dans la casserole un morceau d’algue kombu.
  • N’oubliez pas d’ajouter à vos repas quelques légumes crus ou cuits !

Les protéines se trouvent dans beaucoup d’aliments. Et contrairement à une croyance répandue depuis plusieurs dizaines d’années, beaucoup de sources végétales apportent tous les acides aminés essentiels à notre santé. La théorie de la complémentarité des protéines a permis de faire parler du végétalisme comme d’une solution à la fin dans le monde. C’était un premier pas vers la bonne direction : nous pouvons vivre en bonne santé en mangeant des végétaux. Cette théorie n’est cependant pas complètement à jeter. Elle permet de rentabiliser un maximum les aides alimentaires. En effet, quand des personnes n’auront que du riz et des lentilles à manger, car elles se transportent et se conservent facilement, cette complémentarité fait qu’ils auront tous les acides aminés essentiels, même s’ils ne peuvent rien manger d’autre. Mais cette combinaison céréales-légumineuses n’est absolument pas nécessaire dans nos pays où la problématique majeure est la surconsommation. N’oubliez pas que les protéines sont nécessaires, mais qu’elles ne sont qu’une petite partie d’un tout.

Sarah Leprêtre

Nutritionniste

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Compte-rendu du Namur Veggie Day

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Végétik organisait le 27 février sa 1ère édition du Veggie Day, qui affichait complet plusieurs jours à l’avance. Un franc succès, selon l’avis général des 100 participant-e-s et des 20 bénévoles ! Compte-rendu de la journée.

Un programme bien chargé

C’est sous un agréable soleil d’hiver, et après un bon café revigorant, qu’a débuté l’événement. Fabrice Derzelle, fondateur de Végétik, a expliqué son parcours et la nécessité de l’association en Belgique francophone. Les responsables régionaux de Bruxelles (Elodie d’Halluweyn) et de Charleroi (Rodolphe Delin) ont ensuite présenté les activités organisées localement.

Le Veggie Day fut riche en informations, à commencer par les conférences. Fabrice a présenté un sujet peu connu en Francophonie : «  La science du militantisme pour les animaux ». L’occasion de découvrir plusieurs concepts de psychologie sociale applicables avec succès au militantisme végé. La seconde conférence portait sur la vie des cochons et des vaches dans l’élevage industriel, et était animée par 2 responsables de l’asbl « Le rêve d’Aby » à Beuzet, Sophie Locatelli et Isabelle Bertaggia.

L’après-midi, place aux ateliers participatifs. Les nutritionnistes Sarah Leprêtre et Yulia Stepanenkova ont répondu aux  – nombreuses – questions du public, et démonté certaines idées reçues bien tenaces. Sylvie Deschampheleire, de l’asbl « Influences Végétales » a, quant à elle, réveillé les papilles gustatives grâce à son atelier sur les légumes de saison. C’est avec entrain que tout le monde a mis la main à la pâte pour réaliser différents petits plats rapides et savoureux. Mmmh !

Des sponsors généreux et motivés

Durant les pauses, les 2 magasins bruxellois, Végasme et Veg’Anne Shop, avaient amené 1001 gourmandises. Du fromage au chocolat vegan, chacun a pu faire le plein de ces produits malheureusement rares en dehors des épiceries vegan.

La marque Omniblend proposait un concours pour gagner un blender professionnel. Le lot n’a pas pu être livré le jour même, mais l’heureuse gagnante l’a reçu chez elle un peu plus tard. Bravo à elle !

Enfin, les marques De Hobbit et La Vie est Belle ont gracieusement fourni plusieurs de leurs produits en dégustation durant l’événement.

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Des résultats hyper positifs

Le Veggie Day fut une réussite, malgré quelques soucis d’organisation vite oubliés. L’événement a permis :

  • ·   D’enregistrer une trentaine de membres supplémentaires pour Végétik
  • ·   De souder l’équipe de bénévoles en provenance de toute la Wallonie et de Bruxelles
  • ·  D’engranger des bénéfices pour l’association. Ceux-ci vont être investis dans la location d’un bureau pour l’asbl, au Mundo-N (la maison des associations de Namur). Un pas de plus vers la professionnalisation de Végétik.

Un énorme merci à tou-te-s pour cette belle journée !

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Plats végétaliens (vidéos)

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Vie et mort d’une vache laitière

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les cochons

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Une vie de cochon

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Les substituts à la viande

Les alternatives ne manquent pas : saucisse de tofu, steak de blé, escalope de lupins, crevette d’algues… et canard de seitan. Les présentateurs de « X:enius » Carolin Matzko et Gunnar Mergner ont testé différents substituts avec un apôtre du véganisme, le très médiatique chef cuisinier Attila Hildmann. L’occasion de se demander si ces produits respectent bel et bien l’environnement. Délivrent-ils par ailleurs toutes les substances nutritives nécessaires, comme le font la viande de porc, de bœuf ou de poulet ? Est-il seulement possible de les produire en grande quantité ? Et surtout, qu’en est-il de leur saveur ?

Quels produits végétaux peuvent remplacer les produits d’origine animale ?

1- Le seitan

il est obtenu à partir du blé. Il contient autant de protéines que la viande ainsi que du calcium, du fer et des vitamines du groupe B. Précisons que sa teneur en sel est élevée (6 X plus que dans la viande) et qu’il est pauvre en fibres contrairement à ce que l’on pourrait penser vu son origine végétale. Le seitan contient moins de calories que la viande et ne contient pas de cholestérol. Il est disponible nature ou sous forme préparé. Il se conserve au réfrigérateur ou au surgélateur.

2- Le soja

Il fait partie de l’alimentation des Asiatiques depuis 5000 ans déjà. Il occupe une place importante dans
l’alimentation végétarienne. Il est riche en protéines végétales et sa teneur en graisses permet la fabrication d’huile végétale. Les graines de soja sont source de vitamines, de fibres alimentaires et d’isoflavones. Cet aliment contribue à la protection cardiovasculaire à condition de le consommerrégulièrement .

Attention, ne pas confondre les fèves ou graines de soja, riches en protéines, avec les« pousses » ou « jets » de soja qui sont des haricots mungo germés très pauvres en protéines.

Le tofu est un substitut de viande apportant des protéines de bonne qualité aussi appelé « pâté ou fromage de soja ». Le tofu est le caillé obtenu après extraction du « lait » des fèves de soja. Le pas de cholestérol.

Il est disponible nature ou sous forme préparée. Il se conserve au réfrigérateur ou au surgélateur. Une fois que l’emballage est ouvert, conservez le tofu couvert d’eau au frigo.

Utilisez chaque jour de l’eau fraîche afin de le conserver plus longtemps.

Le tempeh est un substitut de viande produit par la fermentation de fèves de soja. Le tempeh contient des protéines de bonne qualité et est une excellente source de vitamine B12.

Il est disponible nature ou sous forme préparée. Il se conserve au réfrigérateur ou au surgélateur.

3-Le Quorn™

C’est un champignon microscopique qui a subi un processus de fermentation. Toutefois, ce produit n’est pas 100% végétal vu qu’il y a adjonction de blanc d’oeuf dans la technique de fabrication. La pâte obtenue est ensuite coupée en dés ou en fi let ou hachée (base de sauce bolognaise végétarienne par exemple). Le Quorn™ est une bonne source de protéines de bonne qualité, il contient moins de caloriesque la viande, est pauvre en graisses et ne contient pas de cholestérol.

De plus, à l’instar de la viande, il contient des vitamines et minéraux comme le calcium et le magnésium. Il apporte quasiment autant de fibres alimentaires que les légumes (contrairement à la viande qui n’en contient pas).

La texture du Quorn™ rappelle celle de la volaille. Il a une saveur peu prononcée. Il est disponible nature ou cuisiné au rayon frais ou surgelé (O’Cool, Colruyt).

4- Les burgers de légumes

Ils sont une source peu à moyennement élevée en protéines (de 4 à 10 % selon l’ajout, par exemple de fromage) dont la forme rappelle celle des hamburgers. Les compositions sont très variables, selon les ingrédients présents dans le burger. Ces préparations à base de légumes divers, panés, surgelés ou non, sont souvent additionnées de fécule, de poudre ou farine de diverses céréales et/ou légumes, ce qui leur confère des teneurs en glucides (= sucres) non négligeables (jusqu’à 34%). Ces préparations contiennent des fibres alimentaires et peu de cholestérol.

Élevage et gaspillage des aliments

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En effet, il suffirait de diminuer notre consommation de viande pour soulager la pénurie de grains tout en préservant l’environnement et notre santé. Selon l’économiste américain Jeremy Rifkin, auteur de l’instructif «Beyond Beef», un essai sur l’impact dévastateur de l’industrie de l’élevage. « L’élite intellectuelle dans les pays développés trouve parfaitement normal de s’inquiéter de la surpopulation dans le monde, mais elle oublie toujours un fait. La vraie surpopulation, c’est celle du bétail. »

Avec 1,4 milliard de vaches, notre planète croule sous le bétail : le poids cumulé de tous ces ruminants est supérieur à celui de toute la population humaine avec ses 6 milliards d’habitants ! En comptant que la production de viande a été multipliée par cinq depuis les années 1950, pour passer à 265 millions de tonnes. Et devrait encore doubler sur les vingt années à venir. Nous devrions commencer sérieusement à nous inquiéter.

De quoi affoler les experts en alimentation, qui se demandent bien comment la terre pourra nourrir les 3 milliards d’humains supplémentaires de ces prochaines décennies.

Plus d’un milliard d’humains sous-alimentés

L‘O.N.U estime à 1,02 milliard le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde (2).

La malnutrition affecte un tiers des enfants dans les pays en développement.Elle réduit la résistance des enfants aux maladies, provoque des handicaps mentaux et physiques et accroît leur mortalité (3)La progression de la faim dans le monde relève de causes multiples. L’accaparement des ressources naturelles limitées par l’élevage est sans nul doute l’une d’entre elles.

L’élevage détourne des ressources nécessaires à l’alimentation humaine

33 % des terres cultivables de la planète sont utilisées à produire l’alimentation des animaux d’élevage ; 26 % de la surface des terres émergées non couvertes par les glaces est employée pour le pâturage (4).

Au total, ce sont 70 % des terres à usage agricole qui, directement ou indirectement, sont consacrées à l’élevage (5).

La production mondiale de soja, en augmentation très rapide (6), est principalement destinée à l’alimentation animale (7). Tant les céréales que le soja sont des denrées hautement nutritives, directement consommables par les humains. Les destiner à la l’alimentation animale représente un détour productif particulièrement inefficace et immoral.

terrecarnismeL’élevage : un gaspillage

Élever des animaux pour les manger est un gaspillage incroyable. En moyenne, il faut 7 calories d’origine végétale pour produire 1 calorie sous forme de viande.

Les animaux sont également de très mauvaises « machines » à transformer le végétal en protéines. En moyenne, il faut 9 kg de protéines d’origine végétale pour obtenir 1 kg de protéines animales.
C’est pourquoi une grande partie des productions végétales mondiales finit par tomber dans le tonneau des danaïdes de l’élevage industriel:

L’animal a un rendement moyen très faible, les terres utilisées produisent beaucoup moins que ce qu’elles produiraient si elles étaient ensemencées directement pour l’alimentation humaine.

Ex. – sur 1 hectare, on peut produire : 25 kg de protéines de bœuf ou 500 kg de protéines de soja.

Ce gâchis signifie que pour nourrir une personne pendant 1 an, avec des protéines animales, il faut 2 ha de terre. Avec des protéines végétales, il suffit de 0,16 ha de terre.

Ce qui est choquant c’est que toute cette viande est en priorité destinée à une petite minorité des riches de ce monde. Notre consommation de viande en occident est passée de 30 kilos par personne et par an en 1919 à plus de 100 kilos aujourd’hui. C’est trois fois plus que la quantité préconisée par les organismes de santé…

Si tout le monde sur la planète devait adopter le mode de vie occidental, il faudrait l’équivalent de 2,3 planètes en surface agricole…..

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1. FAO, Le rôle de l’élevage dans la pollution des terres, de l’eau et de l’atmosphère.
2. Communiqué de presse Economic crisis is devastating for the world’s hungry et Texte intégral du rapport
3. http://www.worldhunger.org/articles/Learn/world%20hunger%20facts%202002.htm

4. FAO, Livestock Long Shadow, 2006, p. 271.
5. Op.cit., p. xxi.
6. En 2007, World Resources Institute, Earth trends, Agriculture & food.
7. La production mondiale de soja était de 81 millions de tonnes en 1980. Elle atteint 220 millions de tonnes en 2007.
8. http://www.vegetarismus.ch/info/bilder_oeko/tableau_sol_fr.jpg

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Déforestation

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A l’occasion du salon de l’agriculture 2012 la fondation WWF France vient de publier un rapport très complet sur l’impact de la viande sur la déforestation.

Souvent mis en avant dans les rapports de la FAO (Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture) la consommation de viande aurait un impact énorme sur l’avancée de la déforestation au Brésil. Ceci pour 2 raisons : le besoin de terre toujours plus important pour supporter les troupeaux de bétails des élevages extensifs brésiliens et, d’autre part, la production croissante de céréales et légumineuses pour nourrir le bétail des élevages intensifs  des pays occidentaux. C’est ce deuxième aspect qui est traité dans ce rapport du WWF, et en particulier le poids de la France et de la Belgique dans l’exportation brésilienne de céréales destinées au bétail.

Le rapport du WWF indique que l’Amazonie n’est pas la seule région du brésil touchée par la déforestation. La forêt atlantique brésilienne a ainsi quasiment disparu, et le Cerrado, vaste étendue originellement boisée et couvrant 2 millions de km2, a vu sa végétation naturelle diminuée de 50%. Alors que la déforestation a été considérablement freinée en Amazonie grâce à de nombreuses mesures législatives, le Cerrado qui est pourtant une immense source de biodiversité semble laisser à la merci du développement considérable des exploitations agricoles brésiliennes.  Le WWF, qui s’intéresse particulièrement à la conservation des écosystèmes, souligne aussi les impacts sur la santé des populations voisines de ces exploitations intensives, ainsi que les impacts sociaux de ce mode d’agriculture.

La culture du soja est un des principaux responsable de l’avancée de la déforestation. Ce soja, exporté sous forme de tourteaux, est principalement destiné aux élevages intensifs de bétails européens. Le rapport du WWF montre que la France est un des principaux importateurs de soja, ainsi 22% des tourteaux de soja exportés par le Brésil sont destinés au marché Français (90% de ces importations étant destinés à l’alimentation animale). Les besoins de la France en Soja pour l’alimentation animale correspondent en termes d’équivalent surface de culture aux départements de la Gironde et des Landes réunies.

Pour terminer son rapport, le WWF met en avant plusieurs solutions pour diminuer nos quantités de soja importé. Outre les solutions de substitutions et celles de développement local de l’agriculture du soja, nous retiendrons surtout la seule solution réellement efficace, la diminution de notre consommation de viande. Accéder au rapport complet du WWF : PDF

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Documentaires sur le sujet

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L’élevage, une catastrophe écologique ?

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On peut se le demander à la lumière des récents rapports scientifiques publier par les experts de l’O.N.U. Une certitude l’humanité mange de plus en plus de viande. À l’horizon 2050, la consommation de viande et de produits animaux va doubler, d’après les estimations, la production mondiale de viande devrait doubler, passant de 229 millions de tonnes en 1999/2001 à 465 millions de tonnes en 2050, tandis que celle de lait devrait grimper de 580 à1 043 millions de tonnes.

Selon le plus récent décompte de la FAO (1), la planète abrite déjà 17 milliards de poulets, 1,8 milliard de moutons et de chèvres, 1,4 milliard de bovins, 1 milliard de cochons et 1 milliard de canards. Sans compter pintades, oies et dindes, poissons d’élevage en nombre croissant… Le monde devient, en effet, de plus en plus carnivore. Depuis les années 50, la consommation mondiale de viande aquintuplé.

Peu à peu, les élevages bucoliques d’antan, les petites fermes familiales ont été remplacés dans nos campagnes par des élevages industriels, de grands hangars bétonnés où les animaux confinés connaissent des conditions de vie misérables.L’élevage industriel qui se développe, surtout en Asie, entraîne un coût écologique de plus en plus insupportable. Ce qui amène plusieurs institutions, dont la F.A.O  (1), à pousser un cri d’alarme.

4x4vsvacheÉlevage et réchauffement climatique

Comme le rappel utilement Hubert Reeves « Manger, c’est consommer indirectement du pétrole ». Ses arguments sont irréfutables. Ils se résument ainsi :

      • Les élevages industriels commandent des besoins énergétiques importants.
      • Ils nécessitent du chauffage.
      • Ils nécessitent de la nourriture pour la croissance des animaux.
      • Ils nécessitent du froid pour la conservation de la viande.
      • Ils nécessitent du transport pour faire parvenir cette viande au point de consommation.

Toutes ces étapes exigent du pétrole. Elles augmentent donc les gaz à effets de serre et contribuent au réchauffement de la planète. À cela s’ajoute le problème du méthane émis par les ruminants. Ces derniers ont quatre estomacs dans lesquels se produit une importante fermentation, ce qui accroît encore les gaz à effet de serre.

L’expert Jean-Marc Jancovici (2) a chiffré l’impacte du régime carnivore sur les émissions de G.E.S. Le kilo de viande de veau équivaut à un trajet automobile de 220 kilomètres ! L’agneau de lait : 180 kilomètres ! Le bœuf : 70 kilomètres ! Le porc : 30 kilomètres !  À titre de comparaison, la production de 1 kilo de blé ou de pommes de terre équivaut tout juste à un créneau en voiture.

L’élevage est finalement responsable de 18 % des émissions annuelles des G.E.S dans le monde [3]. Plus que le secteur des transports, voitures, avions, camions réunis.

Mais les problèmes écologiques liés à l’élevage intensif ne se limitent pas au problème du réchauffement climatique. Cela fait longtemps que les animaux ne sont plus nourris avec de l’herbe ou des déchets organiques. L’élevage industriel réclame des quantités astronomiques d’aliments qui monopolisent 70 pour cent des surfaces cultivées.

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Documentaires sur le sujet

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